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La guerre

jeudi 31 juillet 2014

Nous y sommes donc. Un siècle après la Grande Guerre, et malgré toutes les jérémiades que nous avons pu entendre ces six dernières décennies sur l’air du « plus jamais ça » (sous-entendu : « plus jamais ça ailleurs que dans des pays miséreux dont l’Occident se contrefiche » ; ou encore : « plus jamais ça à moins que les intérêts du capitalisme ne l’exigent »)... la guerre est .

Tout comme un siècle auparavant, c’est la chute d’un transport civil, dans des conditions fortement douteuses, qui sert de prétexte bienvenu. Tout comme un siècle auparavant, le principal moteur de la marche à la guerre n’est pas je ne sais quel atavisme nationaliste, mais bien la volonté délibérée d’une poignée d’industriels et de financiers qui ont les gouvernements dans leur poche. Tout comme un siècle auparavant, la « presse » n’a plus d’autre fonction que celle de déversoir à propagande ; tout comme jadis, le seul récit offert en pâture aux populations anesthésiées est celui de la personnification du Mal, en la personne d’un adversaire grotesquement diabolisé (Le Kaiser autrefois, hier Sadam Hussein ou Bachar Al Assad).

Ici s’impose la sempiternelle précaution de langage à l’usage des esprits faibles : NON, critiquer la propagande omniprésente (jusque dans une presse autrefois affutée et pacifiste) ne requiert pas d’être un admirateur de Vladimir Poutine. La Russie actuelle est certainement plus proche d’une dictature que d’une démocratie (en tout cas plus explicitement que « nos » régimes occidentaux, qui pourraient tout de même avoir quelques leçons à prendre). Pour autant, c’est une nation souveraine (et, osons le dire, relativement peu belliqueuse en comparaison) dont la population mérite qu’on lui accorde le droit de déterminer son avenir, de même que, je ne sais pas, le peuple palestinien ? (Ah ? Apparemment non.)

Il y a dix ans encore, la France aurait pu se distinguer (par l’attitude de son gouvernement, ou la mobilisation de sa population) ; c’était avant qu’elle ne se satisfasse de sa position actuelle, rouage impuissant dans la machinerie technocratique au service de la droite allemande (pour décrire la prétendue Union européenne comme ce qu’elle est), misérable remorque du gouvernement de Washington et de ses véritables maîtres.

Que pouvons-nous faire ? Rien, assurément. La position des citoyens et citoyennes est dérisoire, et se résume à valider, régulièrement, les politiques privilégiant quelques intérêts privés au détriment du peuple (que ce soit par leur consommation passive de l’embrigadement médiatique industriel, par les quelques élections truquées que l’on daigne leur accorder, ou éventuellement, lorsque le besoin d’exutoire se fait par trop sentir, en l’espèce d’une quelconque grève ou manifestation aussitôt passée par pertes et profits). Contrairement à il y a cent ans, nous aurons probablement la chance de ne pas servir de chair à canon cette fois-ci (on a trouvé mieux entretemps)... mais simplement de cible.

Que pouvons-nous faire, donc ? La question est particulièrement douloureuse pour qui travaille dans le secteur culturel, aujourd’hui adossé à l’« industrie du divertissement » et ainsi privé de toute portée politique, sociale, subversive. Si je continue à enseigner la musique et écrire des partitions comme si de rien n’était, ne me fais-je pas le complice des décisions iniques et dramatiques qui pendant ce temps sont prises (notamment) en mon nom ? Discours non-verbal et non-figuratif, combien la musique semble faible et inapte en de pareils temps.

Tout au-plus pouvons-nous prendre la plume pour tenter d’exprimer par des mots, comme je le fais ici, notre indignation.

Mais lorsque les bombes se rapprocheront, même les mots perdront toute importance.

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