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Piano : la chute d’un empire

2 avril 2014, 23:27, par Valentin Villenave

Vous parlez de « volume », je parle de nuances. Le pianiste prend TOUTES les décisions, et il n’y a pas deux pianistes qui produiront le même son (comme je l’explique dans l’article ci-dessus, de nombreux facteurs entrent en jeu : la force, le poids, la vitesse d’attaque sur la touche,...). Non seulement parce qu’ils ont des goûts et des choix différents, mais également une technique et une musculature différente. Même la décision de « jouer moins fort » est beaucoup plus complexe que l’on pourrait croire (certains pianistes, c’est mon cas, choisiront de continuer à faire entendre un peu plus fort les notes aigues, de tenir moins longtemps les notes graves, etc.).

Il n’y a _pas_ de limite « hardcodée » dans le mécanisme du piano comme on en trouve dans un clavier électronique : il est toujours possible de jouer encore plus doucement, ou encore plus fort (parfois à la limite d’un son dur et agressant, mais cela peut être un choix artistique après tout).

Quant aux décisions que l’on peut prendre pour changer l’émission du son (mettre la una corda, entièrement ou partiellement, ouvrir le piano avec la petite ou la grande baguette, fermer entièrement le couvercle,...), elles n’affectent pas que l’intensité (il est entièrement possible de jouer fortissimo même avec la sourdine, c’est d’ailleurs un effet utilisé notamment chez Ligeti) mais modifient la sonorité même de l’instrument. On est _très_ loin du fonctionnement d’un clavier électronique, où le réglage du volume se borne à changer aveuglément l’intensité du son en dépit de toute musicalité.

Votre commentaire m’évoque cette voisine (que j’évoque dans l’article) qui était venu me demander de « baisser le volume » de mon piano : c’est témoigner d’une totale méconnaissance de ce qu’est réellement un piano, et de ce qu’implique une pratique pianistique digne de ce nom. Le piano _est_ un instrument qui prend de la place et qui fait « du bruit » ; c’est son essence même, sa raison d’être. Si vous voulez qu’il ne prenne « pas trop » de place et qu’il ne fasse « pas trop » de bruit, si vous considérez que le fait de pouvoir limiter arbitrairement sa capacité de « nuisance » est (je vous cite) une « sacrée avancée »... alors c’est tout simplement que vous ne voulez PAS un piano.

C’est votre droit le plus strict et je n’y trouve rien à redire ; par contre si d’aventure vos enfants souhaitaient un jour apprendre à jouer du piano, il sera du devoir de leur professeur de vous prévenir que votre choix (quelles qu’en soient les raisons) entre en collision directe avec la poursuite de leur apprentissage.

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