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Ce roman n’est pas le mien

7 février 2015, 22:34, par Valentin Villenave

Bonsoir Wild Billy,
merci pour votre commentaire et la précision avec laquelle il est formulé. Le terme de « mouton » est évidemment un raccourci (intentionnellement) réducteur, et votre remarque m’amène à relire ce paragraphe en me demandant si je n’ai pas été trop rapide sous le coup de la colère.

Et pourtant, soit parce que ma lecture des choses n’a pas changé soit parce que la colère est toujours présente, je dois dire que je ne parviens toujours pas aujourd’hui, un mois après avoir rédigé ce texte, à trouver une raison intellectuellement justifiable d’avoir pu participer à cette cérémonie. Votre commentaire n’en est que plus intéressant, puisque vous semblez revendiquer votre présence parmi la foule comme un choix rationnel et moral : je serais donc curieux d’en savoir plus à ce sujet.

Notez, au demeurant, la façon dont je viens de formuler précisément ma phrase : je cherche « une raison intellectuellement justifiable », ce qui ne veut pas dire que les raisons d’une autre nature, et notamment affectives (besoin de se réunir sous le coup de l’émotion, de la compassion) ou spirituelles/transcendentales (ce pourquoi je ne parle pas de « manif » mais de « cérémonie », au sens religieux du terme) ne sont pas valables ou ne sont pas de « bonnes » raisons : je m’y sens simplement étranger.

De même pour le « slogan de trois mots » que vous expliquez ne pas revendiquer : pouvez-vous convenir que c’était pourtant là le message le plus marquant de ladite cérémonie ? Et dans ce cas, n’est-il pas pertinent de l’interroger, ce slogan, de se demander ce qu’il dit exactement ? Et les scènes de liesse de foule applaudissant spontanément les cars de CRS (scènes dont la réalité m’a été confirmée par ma femme, qui a pu les observer depuis nos fenêtres) ? Ne faudrait-il pas se demander d’où viennent ces scènes, ce qu’elles expriment, et si elles ont éventuellement (ne serait-ce qu’au sens antique du mot) une dimension politique ? Si vous êtes d’accord avec moi pour reconnaître que ce questionnement est légitime (ce qui nous permettrait déjà d’élever le débat au-dessus de l’abjecte « chasse aux anti-Charlie » qui se joue en ce moment dans l’Éducation Nationale), alors, là encore, je serais intéressé de connaître vos réponses.

Alors oui, en tentant de porter sur ces événements (du fait divers en tant que récit à la construction d’un éthos politique, autrement dit de l’histoire à l’Histoire en train de s’écrire) un regard analytique et critique, j’ai bien conscience de prétendre me désolidariser de la très large part de notre population (et de notre personnel politico-médiatique) qui n’a pas, selon moi, pris le temps de réfléchir et de s’interroger (notamment sur ce que l’on risquait de cautionner de facto en étant présent parmi la foule le 11 janvier 2015) ; en cela, oui, je revendique mon espoir d’être un « esprit éclairé » (ou plus exactement, pour reprendre un vocabulaire anti-religieux, un esprit fort) et cette position a indéniablement quelque chose de sentencieux voire condescendant. Cependant, si je méprise effectivement les mouvements de foule et ceux qui les initient (volontairement ou non, comme j’ai essayé de le montrer ici), j’ai le plus grand respect pour les individualités, et je veux croire que (nonobstant les nombreux et puissants facteurs de détermination qu’étudient la sociologie et l’ethnologie) le corps social reste une addition de personnes douées chacune d’intelligence et de libre-arbitre. Or, je ne trouve rien de tel dans la foule du 11 janvier, et c’est précisément ce qui me préoccupe et me consterne : quel « éclairage » différent, précisément, pouvez-vous apporter à ce sujet ?

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