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Ce roman n’est pas le mien

10 février 2015, 20:24, par Wild Billy

Bonjour, merci pour votre réponse, elle aussi très intéressante. Je commence par la fin : j’ai probablement peu de titres pour éclairer quoi que ce soit sur le sujet ; comme il est peut-être clair d’après le style de ma prose je ne suis pas français, et même si j’habite Paris depuis plusieurs années j’ai l’impression d’avoir encore plein de choses à apprendre sur la France et les français. Donc j’ai plutôt des choses à apprendre qu’à enseigner. Incidemment : je suis italien, et je crois que, vu le rôle de la réligion dans la vie politique et l’opinion publique dans mon pays, cela a eu une grande influence sur les opinions que je vais exposer plus tard ; mais ce serait vraiment trop long de rentrer là dedans.

Donc pour revenir sur les raisons de ma présence, je savais qu’elles étaient effectivement en grand partie émotionnelles ; et essayant toujours de ne pas perdre le regard critique sur mes actions je savais bien même à ce moment-là quelles étaient les raisons de ne pas y aller, donc je comprenais les motivations de ceux qui avaient fait ce choix (d’ailleurs, est-on sûr que ces derniers étaient les seuls à avoir des raisons « rationnelles », et à ne pas agir sous quelque type d’émotion ?). Je ne suis pas sûr de comprendre ce qui seraient des raisons « intellectuellement justifiables ». Pour ce qui me concerne, voici mon point de vue, peut-être ça va répondre à la question : je considère les réligions ni plus ni moins que des superstitions, et je revendique mon droit de le dire. J’ai besoin de le revendiquer car j’ai peur d’un avenir où on perd le regard critique (voilà encore cette locution) envers ce phénomène, au nom d’un « respect » qui est un très beau mot mais reste un concepte très flou (et dans beaucoup de cas, admettons-le, assez prétestueux : il y aura toujours quelqu’un disponible à se sentir outragé pour faire taire quelqu’un d’autre). Et, comme c’est toujours la première objection que j’entends envers cet argument : non, probablement CH n’est pas un exemple de satire parfaite (quoique, à l’autre extrême, le faire devenir l’emblème de l’islamophobie est franchement ridicule), mais cela n’est pas très important : le discours est plus général. Il n’était pas strictement nécessaire d’aller dans la rue pour exprimer ces idées, mais j’ai choisi de le faire et je ne crois pas que ce soit un délit. Je n’ai signé aucune déclaration d’adhésion ni souscrit aucun slogan. Le fait qu’on pouvait lire ces trois mots un peu partout ce jour là ne signifie rien. Si quelqu’un veut s’amuser à faire cette analyse en mettant ce slogan au centre de tout rien ne le lui empêche, mais personnellement je ne le trouve pas très significatif.

Mais bon, un moi plus tard voilà la situation : on est arrivés au point où on a besoin de se justifier voire s’excuser si l’on exprime la solidarité pour les victimes (ce qui, entre autre, presque inévitablement entraîne une accusation d’islamophobie) plutôt que si l’on exprime pour les agresseurs. Vous voyez une chasse aux « anti-Charlies », et c’est inacceptable, moi je vois aussi, de l’autre côté, une chasse aux « Charlies » qui est néanmoins assez grotesque. Je crois qu’on pourra avancer si l’on recule d’un pas et on reconnaît qu’il ne doit pas forcément y avoir deux côtés…

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