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Franz Schubert : Erlkönig

15 juin 2012, 01:05, par Valentin Villenave

Bonjour,
(il m’a fallu relire l’article pour voir laquelle de mes boutades avait pu susciter votre ire)

Si vous mettez Lieder au pluriel, alors il n’est que cohérent d’y mettre une majuscule.

Je n’apprécie pas la musique de Mahler, effectivement. Pour faire un parallèle gastronomique, je trouve que son écriture a la subtilité d’une choucroute, la finesse d’une Forêt-Noire et le piquant d’un Marzipan (dans cet ordre-là). Du reste, votre commentaire se discrédite de lui-même avec l’expression un tel génie : que Gustav Mahler ait été un grand chef d’orchestre, tout porte à le croire ; un compositeur talentueux, je n’en doute pas ; qu’il ait été un créateur de forme et de langage indispensable dans l’histoire esthétique et artistique, je le conteste formellement. (Pour ne pas même employer le mot « génie », qui relève de l’idolâtrie et de l’irrationnel, et ne fait donc pas partie de mon vocabulaire.) C’est en vain que l’on cherchera dans ses partitions une (r)évolution de l’harmonie, du rythme ou des modes de jeux. Vous comprendrez dès lors qu’il y a là davantage qu’une « attaque gratuite » de ma part, même si elle est formulée sur le ton de la plaisanterie.

Les Lieder de Mahler n’ont pas été « conçus pour piano ». Ils ont été rédigés avec un accompagnement au piano pour des raisons pratiques (ça va plus vite à écrire) et éditoriales (il faut de toute façon fournir une réduction chant-piano aux chanteurs, et je peux comprendre que l’auteur préfère la réaliser lui-même). Cependant il s’agit clairement d’une version intermédiaire, et le langage et les effets employés relèvent d’une écriture orchestrale (et pas n’importe quel orchestre, l’orchestre post-wagnérien). J’irai même jusqu’à poser l’hypothèse que l’orchestration est d’autant plus nécessaire à l’écriture de Mahler, qu’elle lui permet de compenser (par des effets d’écriture orchestrale) ce qu’il ne pourrait pas exprimer par des moyens simples (harmoniques, mélodiques ou rythmiques).

Je ne dis à aucun moment que l’on ne devrait pas apprécier la musique de Mahler (après tout j’apprécie bien la musique de Rachmaninoff, autre compositeur post-romantique tardif), ni même y chercher « richesse et vérité » : tout cela est affaire de goût. Je regrette néanmoins que des compositeurs aient jugé bon de transformer le Lied en poème symphonique, et de privilégier les effets (orchestraux notamment) sur le fond (l’exigence d’expressivité intrinsèque dans la réalisation). Je trouve que l’on perd là une composante essentielle du genre, c’est ce que j’ai expliqué plus haut.

Libre à vous d’y voir des attaques « gratuites » et « indignes »... Et encore : heureusement que je n’ai pas parlé des Lieder de Strauss ! :-)

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